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La batterie de Dollemard


Au lendemain de la guerre franco prussienne de 1870, la France se retrouve fortement affaiblie et isolée du reste de l'Europe. Après l’évacuation des dernières troupes menaçantes d’occupation allemandes en 1873 est créé un « Comité de Défense » qui siège jusqu’en 1888.  Il a pour mission la réorganisation défensive de toutes les frontières de France, aussi bien terrestres que maritimes.

 

Dans le même temps, une révolution apparaît dans l’artillerie avec l’introduction de nouveaux matériels comme le canon à tube rayé, la découverte de la mélinite et l’obus cylindro-ogival.

Le puissant explosif décuple le pouvoir destructeur de l’artillerie sur les forts. Toutes les fortifications existantes sont devenues obsolètes. Il faut donc trouver une réponse à ces nouvelles menaces : Les forts commencent alors à s’enterrer. De nouveaux magasins profondément enfouis sont créés pour mettre à l’abri les obus les plus destructeurs. Ces nouveaux magasins à poudre sont appelés magasins sous roc ou magasins cavernes.

 

Le port du Havre prend alors un grand rôle de défense contre les ennemis. Avec la disparition depuis 1853 de ses remparts qui protégeaient la ville, la batterie de Dollemard va être conçue au regard de ces considérations résumées le 5 décembre 1889, dans un procès verbal d'une commission réunie "afin de procéder à la révision de l'armement des côtes au Havre et d'approprier cet armement aux conditions nouvelles créées par le projet d'amélioration du port"

 

La construction de la batterie a été commencée en 1892 et terminée dans son gros œuvre en 1894 :

 

La première batterie de Dollemard comprend une batterie principale pour quatre mortiers de 270 mm et une batterie annexe pour quatre canons de 95 mm. Occupée par 1 officier d’Infanterie pour 54 hommes et 2 officiers d’Artillerie pour 100 hommes.

Aux environs de 1905/1913 des aménagements sont réalisés au niveau de la batterie principale. Il s'agit de la construction de deux magasins simples de combat en béton armé aux extrémités, pour poudre et obus pouvant contenir chacun 85 obus et 250 charges de poudre. L'approvisionnement des mortiers se fait désormais depuis les magasins par des monte-obus.

Effectifs en 1916 : 5 officiers marins, 8 quartiers maitres et 80 matelots.

Après le conflit de la première Guerre Mondiale de 1914/1918, il est décidé de moderniser et de réaménager la batterie. Il est question d'installer une batterie d'artillerie secondaire de 4 pièces de 138 mm modèles 1910 et poste de tir d'obus éclairant avec 2 canons de 75 mm. La batterie dispose de 6 lignes téléphoniques.

A partir de 1926, commence la construction des emplacements en cuve pour pièces de 138 mm. Les terrains militaires sont étendus jusqu’aux phares de la Hève dans la perspective de nouveaux ouvrages. Pour cette nouvelle batterie de Dollemard, le gros œuvre est terminé, les norias et tubes monte douilles installés. Sont déterminés et préconisés :  les voies Decauville, le mécanisme monte douilles, l'éclairage de nuit, les PDT, l'éclairage des tunnels, la clôture, la section éclairante, et l'installation d'un groupe électrogène de secours.

L’ouvrage a été classé par décret du 28 mars 1933. La batterie est placée sous les ordres du Lieutenant de vaisseau Mounier. Elle est guidée par un télémètre de 3 m, et dispose d'un projecteur de 150 cm. La section éclairante est  commandée par l'Enseigne de vaisseau Descamps.

Lors de leur arrivée, le 13 juin 1940, les allemands trouvent la batterie sabotée par l’armée française qui a fait disparaître les culasses des canons et fait sauter la  plupart des dépôts de munitions.  Les allemands vont très vite réutiliser la batterie de Dollemard. Les pièces  françaises sont remises en état de tir et sont intégrées dans le  système défensif du célèbre  Mur de l’Atlantique. Cependant, l’occupant préfère créer sa propre batterie et transfère en mars 1943 les canons de Dollemard sur le port.   

Désarmée, la batterie est épargnée par les bombardements de septembre 1944. Des marins de l’US Navy s’y installent fin septembre 1944, des restes de fresques en témoignèrent.

Après la guerre, la batterie devient la proie des récupérateurs en tous genres, puis décharge jusqu’à sa réhabilitation depuis 1998 par le chantier d’insertion Remember 44 depuis 2004 le site est la propriété du conservatoire du littoral qui en 2013 met la Batterie à la disposition d’AQUACAUX qui restaure les locaux et les occupe depuis lors.